René Descartes, philosophe et mathématicien du XVIIe siècle, a révolutionné la pensée occidentale en plaçant…
Décoloniser Evergreen
3.
Décoloniser Evergreen
De la majorité violente à la violence des minorités
L’université d’État Evergreen situé à Olympia, Washington, avait depuis plus de 50 ans une tradition connue sous le nom de « jour de l’absence ». Cette journée annuelle, instaurée en référence à la pièce de théâtre1 éponyme écrite par Douglas Turner Ward (dans laquelle la population noire disparaît pendant une journée d’une ville qui sombre dans ce contexte dans le chaos), permettait à tous les étudiants initialement noirs, puis plus tard « de couleur » de déserter l’école pendant une journée. Et ce, dans un double objectif : pouvoir échanger entre eux dans un environnement dépassionné sur leurs problématiques singulières en tant que non-blancs aux États-Unis, et rendre visible en creux leur communauté en la révélant par leur absence. Cette journée se passa sans heurts jusqu’en 2017, lorsqu’un groupe d’étudiants annonça qu’ils allaient renverser la tradition et exigèrent de la part des étudiants blancs de ne pas se présenter sur le campus pour cette journée. L’invisibilisation devenait exclusion, la non-violence acte d’agression.
Ce qui fit réagir les élèves blancs visés au premier chef, mais également un professeur de biologie très apprécié de tous ses élèves sans distinction, qui exerçait depuis 14 ans sur le campus : Bret Weinstein. En réponse à un message électronique public quelque peu âpre adressé par des militants « antiracistes » à l’ensemble des élèves et des professeurs, il souligna le fait qu’il y avait une différence profonde de nature entre choisir de s’absenter volontairement et pacifiquement de l’espace public pour dénoncer les conditions et les difficultés d’une communauté, et le fait d’encourager un autre groupe à céder cet espace commun, voir carrément l’exclure manu militari. Cette exclusion correspondant en elle-même à une démonstration de force et à un acte d’oppression. Ce professeur écrivit qu’il n’accepterait à aucun prix d’être forcé de s’éloigner du campus le jour de la célébration, ajoutant : « le droit pour un individu de s’exprimer —ou d’exister— ne devrait jamais être subordonné à la couleur de sa peau ». De confession juive, adhérant aux idéaux démocrates, très impliqué dans l’antiracisme, et militant actif pour Bernie Sanders, il ne prêtait pas vraiment le flanc à la suspicion d’un quelconque racisme, et présentait encore moins le profil d’un quelconque militant d’une suprématie blanche réelle ou fantasmée. Et pourtant sa réponse relativement anodine enflamma les événements et il fut immédiatement accusé de racisme. Il avait commis le sacrilège de contester par inadvertance le pouvoir absolu du groupe militant porteur de l’idéologie montante. Crime de lèse-majesté s’il en fut. Le simple désaccord valait brevet de racisme, c’est ce qu’il apprit à ses dépens.
Chronologie de l’incident
Lorsque la nouvelle de sa réponse se répandit auprès du groupe de militants, une partie d’entre eux se réunit afin de protester devant la porte de sa salle de cours. Lorsqu’il sortit, il tenta de dialoguer de façon civilisée, essayant de désamorcer l’incompréhension par l’argumentation, et de faire appel à leur raison. Tout ceci fut filmé par de nombreux étudiants appartenant au groupe des contestataires, certaines vidéos étant en libre accès sur internet. Dans la grande tradition des lumières, Bret Weinstein tenta ainsi d’argumenter la différence entre débat et dialectique auprès de la foule furieuse. Comme il l’exprime :
« le débat signifie que vous essayez de gagner. La dialectique signifie que vous recourez à la confrontation d’idées pour faire émerger la vérité. Débattre ne m’intéresse pas. Seule la dialectique m’intéresse, ce qui signifie que je vous écoute, mais que vous m’écoutez en retour. ».
Bret Weinstein
Ce recours à la rationalité n’eut pas vraiment les effets escomptés, et l’on peut distinctement voir sur les scènes filmées2 une jeune femme crier contre le professeur : « nous nous fichons de vos arguments, ce n’est pas une discussion ». Et continuer : « les termes du privilège blanc ne se discutent pas ». Ces militants plaçaient d’emblée et à dessein la discussion sur le terrain de l’émotion et du ressenti, en opposition à la raison. La foule continuait de s’échauffer et un autre étudiant se mit à crier : « ce n’est pas une putain de discussion ! ». Et d’asséner : « vous avez perdu ce débat ! » verbalisant par là l’inacessibilité de la foule à tout raisonnement cartésien. Revêtant sur la fin de cette agression une figure quasi christique, Weinstein continua de tenter d’argumenter3 : « je produis des arguments qui servent la vérité ». Tentative aussitôt balayée par des sifflements hostiles, des cris, et des rires menaçants. « Vous avez dit des trucs méchamment racistes » reprit un étudiant d’un ton accusateur : « on se branle de ce que vous avez à dire » à un Bret d’éberlué qui n’avait rien dit de tel. Comme la cohue reprenait de plus belle, un étudiant demanda aux autres « voulez-vous entendre sa réponse ou non ? ». Et sur les enregistrements les étudiants répondent par la négative. Une autre étudiante assène alors au professeur —qui n’avait absolument rien dit de tel— : « cessez de dire aux personnes de couleur qu’elles sont putain d’inutiles ». Et elle se met derechef à vociférer en le menaçant « Vous! Vous êtes inutile. Dégagez, allez-vous faire enculer grosse merde ! ».
Assister à cette scène en visionnant les vidéos permet de constater, incrédule, comment une situation parfaitement anodine peut prendre, sans le moindre fait objectif susceptible d’enflammer l’imagination ou de tendre le moins du monde l’atmosphère, des proportions extrêmes. C’est clairement un guet-apens, une mise en scène. On assiste visiblement à une stratégie dans laquelle un groupe créé de toutes pièces un incident qui lui sert par la suite à revendiquer et médiatiser une place victimaire qui en retour lui fournit toutes sortes de bénéfices secondaires. C’est ici l’histoire d’une immense escroquerie intellectuelle, symptomatique de ce qui se passe de nos jours sur les campus américains et par extension dans la société civile dans son ensemble. Ce qui est extrêmement préoccupant dans la mesure où c’est précisément la fonction de l’école que de favoriser le raisonnement, l’émergence de l’esprit critique, de la droiture d’âme, de la tempérance, et la recherche de la vérité. Or nous sommes ici aux antipodes de la recherche d’une quelconque vérité: c’est une stratégie perverse qui ne cherche pas à favoriser l’émergence d’une quelconque vérité, et encore moins un consensus, mais à imposer un pouvoir en sidérant les capacités de réflexion de son adversaire. C’est un acte de prise illicite de pouvoir, et d’oppression. Un acte de guerre, voire de terrorisme. Majoritairement intellectuel, mais de guerre néanmoins. Les mots deviennent l’objet même d’un double exercice de la violence: violence liée à la négation ou la réinterprétation unilatérale du consensus portant sur leur signification, et violence liée au choix de mots et d’expression volontairement blessants et insultants. La revendication de ces étudiants se transforme d’ailleurs assez rapidement en exigence de voir le professeur limogé, afin que la victoire soit totale, et fasse disparaître le principal témoin (assurément gênant pour ses bourreaux) de cette imposture intellectuelle.
Les jours suivants
Sur le campus, la situation continuait de devenir de plus en plus critique. La police fut appelée et insultée par les étudiants qui se mirent à chasser en meute dans l’enceinte de l’établissement les étudiants réfractaires. Un groupe choisit de se réunir devant les locaux du président de l’université aux cris de « le pouvoir aux noirs » et « Hey Hey, Ho, ho, ces professeurs racistes doivent partir ». Le président l’université et un ensemble de professeurs se retrouvent pris en otage dans leurs propres locaux, empêchés de se déplacer, y compris pour aller aux toilettes, par les militants. L’un d’entre eux s’exclame « la liberté de pensée et de parole n’est pas plus importante que les vies des noirs, des transes, des femmes, et des étudiants de ce campus ». Pour des étudiants a priori en lutte contre l’oppression et le fascisme, le discours et les actes apparaissent en contradiction avec les motifs qu’ils affichent.
La lâcheté du Président Bridges
D’autres passages complètement surréalistes montrent ce président d’université nommé George Bridges, dont toute la carrière fut consacrée à la promotion de la « justice sociale » thème qui est justement ce que ces étudiants professent, abdiquer totalement l’autorité et la responsabilité qui sont les siennes et s’humilier pour satisfaire les demandes illégitimes de ses étudiants. Une scène est particulièrement révélatrice, qui montre le président sur scène tenter une sorte de conciliation dans un amphithéâtre dans lequel les élèves contestataires sont assis face à lui sur des chaises, ou l’entourent sur l’estrade sur laquelle il se tient debout face au parterre de militants. Alors qu’il tente de nouer un dialogue, toute sa communication non verbale criant sa soumission, les étudiants éructent des insultes telles que « va te faire enculer, Georges, on ne veut rien écouter de ce que tu as à nous dire. Alors, ferme ta gueule ! ». Une étudiante, dans un renversement total du rapport professeur-élève fait mine d’expliquer au président que :
« Ces gens sont en colère et donc ce qui importe c’est ce qu’ils disent et non pas la façon dont ils le disent ». D’autres étudiants éructent au sujet du « privilège blanc »
Et le président de l’université se fait humilier en règle tandis que la foule l’insulte alors qu’il opine benoîtement du chef. Une étudiante noire l’accuse d’avoir l’air de simplifier les choses « nous ne sommes pas débiles » dite-elle,
« nous sommes des adultes. Alors je te le dis, tu parles à tes ancêtres. OK. Nous étions là avant. Nous avons construit ces cités. Nous avions une civilisation bien avant que vous en ayez une. Que vous sortiez de vos grottes. OK ? ».
Un autre continu « vous avez le putain d’aplomb de nous putain de déshumaniser comme nos… ». Une autre personne introduit le sujet de l’oppression des transsexuels parce qu’ils auraient fait l’objet d’une désignation particulière. À aucun moment ni le président l’université ni le professeur ni aucun des membres de l’équipe pédagogique n’a eu le moindre mot oppressif. C’est une sorte de délire totalement déconnecté de la réalité qu’expriment tous ces étudiants, et peut-être plus grave encore, c’est un délire profondément raciste et oppressif qui se déploie au sein d’une institution qu’il désacralise totalement. L’apothéose de cette scène4 consternante est atteinte juste après que le président produise un mouvement mou de la main pour accompagner son propos. « Baisse ta main, Georges » s’écrit une étudiante. « Ne pointe pas, Georges. ». « C’est inapproprié » averti une autre, se plaçant dans une relation inversée de professeur à étudiant. Une autre étudiante se met en devoir de lui expliquer qu’il doit parler les bras collés le long du corps et les mains baissées. « Tu dois baisser les mains. Tu sais que tu dois vraiment baisser les mains » scande la petite foule fanatisée. Et lorsqu’il capitule et s’humilie en acceptant de se comporter comme ils l’exigent la salle est traversée par des rires narquois et des moqueries victorieuses. Loin d’être un rire de soulagement, qui aurait vu un index agressif se baisser, mais bien plutôt le rire d’autocongratulation d’une foule qui vient de parvenir à soumettre et humilier un individu beaucoup plus âgé, beaucoup plus expérimenté, et détenant une autorité bien plus élevée qu’elle. D’un point de vue sociologique, ou à tout du moins du point de vue des dynamiques de groupe cette scène montre une lutte de pouvoir limpide entre des étudiants prêts à tout pour le conquérir, et un encadrement d’adultes qui capitule sans livrer la moindre bataille, et qui, comme convaincu de sa culpabilité pourtant imaginaire, abdique toute autorité et toute responsabilité. Or, selon l’aphorisme5 célèbre d’Antoine de Saint-Exupéry, « Être homme, c’est précisément être responsable ».
Alors que la situation ne cessait de dégénérer toujours plus, les étudiants d’Evergreen continuèrent de s’autopersuader qu’ils étaient en proie à une institution ouvertement raciste, et à des professeurs qui ne l’étaient pas moins. Ils se mirent à patrouiller sur le campus en pourchassant les élèves qui n’étaient pas ouvertement de leur côté, et tentèrent selon des témoins de prendre possession de la personne de Brett Weinstein, dans le dessein de l’agresser physiquement. La police qui par ailleurs avait reçu l’ordre de la part de l’université de ne pas intervenir conseilla en privé au professeur de rester éloigné du campus afin de garantir son intégrité physique. Le niveau de violence escalada tant et si bien que la totalité de l’université se trouva isolée du monde extérieur pendant plusieurs jours. Cette université, une des plus avant-gardistes sur les droits des minorités et l’antiracisme des États-Unis se révéla totalement obsédée par l’idée d’éventuelles discriminations raciales6, et en proie au racisme aussi objectif qu’offensif de ses militants communautaristes pendant des jours. L’une des étudiantes, d’ethnie caucasienne, témoigna ainsi un peu plus tard : « on m’a dit à de nombreuses reprises que je n’étais pas autorisée à parler parce que j’étais blanche. Cette école se préoccupe tellement des problématiques de race qu’elle est en réalité devenue terriblement raciste d’une façon différente ». D’autres étudiants manifestèrent des symptômes s’apparentant au syndrome de Stockholm. Ainsi une autre étudiante blanche témoigna : « je me fiche de ce qui arrivera à Brett dorénavant. Il peut partir et assumer son racisme et être une grosse merde où il le souhaite. Avec un peu de chance, sur le long terme nous pourrons simplement dégager les gens comme lui. ». Le professeur dont l’e-mail avait provoqué l’embrasement de l’université ne put évidemment plus jamais enseigner en son sein7. Le conseil des actionnaires de l’université décida de persévérer dans sa politique de collaboration avec les revendications communautaires, sans permettre une quelconque élaboration intellectuelle de cet épisode, ni jamais prendre de distance critique vis-à-vis de l’attitude de ses étudiants.
Causes et conséquences
Par la suite une importante chute des inscriptions à cette université eut lieu, ce qui entraîna en retour une hausse très conséquente des frais d’inscription et changea de façon très nette la typologie socio-économique des étudiants. L’application forcenée d’une politique de justice sociale aboutit donc à la fois à des émeutes racistes sur le campus (en réponse à un racisme imaginaire de la part d’un professeur, ou pour être plus précis, en réponse à un racisme projeté sciemment sur un innocent pour discréditer sa parole), mais également à l’exclusion de fait des étudiants les plus pauvres. Double échec retentissant dont aucune leçon ne fut cependant tirée au niveau local. Au niveau national, et plus largement international, cet épisode résonna comme un coup de semonce vis-à-vis d’une gestion complaisante des sujets communautaristes qui, loin d’apaiser les sociétés et de permettre de faire peuple, entraîne au contraire un raidissement identitaire et une tribalisation croissante, aboutissants à l’irruption de la violence jusques et y compris dans le temple du savoir et le sanctuaire de la pensée rationnelle que devraient être les lieux d’apprentissage.
Car si ces faits pourraient paraître anecdotiques, ils sont en réalité bien loin d’être isolés, et illustrent au contraire l’émergeance d’une réalité qui est celle de l’idéologie dominante démocrate de « l’antiracisme », de « l’intersectionnalité », et du communautarisme (y compris sexuel), et qui a investi les centres de production et de reproduction du savoir et les lieux autrefois sanctuarisés où se forge précisément la citoyenneté et s’élaborent les normes sociales aux États-Unis, raison pour laquelle le Congrès américain mena une enquête 8approfondie sur cette révolte particulièrement symptomatique. Ils montrent au-delà la sidérante violence9 qui peut soudain se déchaîner dans ces luttes de pouvoir permanentes attisées par l’idéologie dévoyée de la justice sociale, qui fait passer les communauté du statut de victimes subjectives, à celui d’oppresseurs objectifs. Et posent la question de la diffusion de ces idéologies et de ces modalités déviantes d’interaction depuis les centres de normalisation sociale (ce n’est pas un hasard si ces idéologies choississent d’investir d’abord les lieux qui produisent les standards normatifs de toute la société: ils sapent ainsi à l’avance toute future opposition à leur propagation, en s’assurant pernicieusement d’apparaître comme relevant du concensus académique. Consensus biaisé en amont sous leur action militante.) que réprésentent les universités vers la société dans son ensemble. Au delà, ces faits illustrent les mécanismes graduels (conquête par tous les moyens —y compris la disqualification, l’inversion accusatoire, l’intimidation et l’oppression— des lieux de production du discours normatif, conquête et occupation des canaux médiatiques, conquête et occupation de l’espace public, et in fine, maîtrise totalitaire de la production du discours public, censure des voix divergentes, et instauration d’une véritable tyrannie) auxquels recourent toutes les « minorités » dans leur entreprise de subversion des différentes nations.
Et ce qui est profondément préoccupant, même si c’était parfaitement prévisible du fait de l’influence du soft power de l’empire américain, c’est que ces mêmes mécanismes ont aujourd’hui infiltré les universités françaises et sont à l’oeuvre chaque jour au sein de notre société. Prise d’assaut et conquête par tous les moyens (y compris la violence) des lieux de production du savoir et d’édiction des normes sociales —au détriment de l’objectivité scientifique—. Normalisation de leurs revendications au travers d’un discours et de recherches universitaires biaisées, mais faisant autorité. Extension et propagation de leur idéologie au plus grand nombre. Exclusion et diabolisation de tout discours critique. À un moment charnière où, paradoxalement, l’on constate sondage10 après sondage, et élection après élection que l’écrasante majorité des américains, démocrates compris, considèrent qu’ils ont fait fausse route, ou, à tout le moins, sont allés trop loin. Au-delà, c’est la conjonction de la censure de la parole et de l’emprise devenue trop importante de personnalités politiques et des médias qui relaient et achèvent de redéfinir la « nouvelle vérité » et tentent de promouvoir un statut de victimes pour toutes sortes de minorités réelles ou construites ex nihilo par un discours sociologique qui relève plus de la pensée magique que de la science (on pense à la « grossophobie » qui fait naître la minorité opprimée des personnes en surpoids, revendiquant la fierté de l’obésité morbide au détriment de leur santé et leur espérance de vie) donnant droit, et même donnant mandat impératif à ces opprimés d’exiger des réparations exorbitantes de la part de la majorité oppressive (l’homme caucasien, hétérosexuel et chrétien en étant le parangon, mais cela peut également être en fonction des minorités la femme blanche, ou « les hétérosexuels » etc.).
La faillite d’un roman national fédérateur11 conduit inévitablement au grand retour de ce que tout anthropologue, tout ethnologue ou tout historien pouvait prévoir, c’est-à-dire l’émiettement de la société, sa clanisation, sa tribalisation en autant de mini-sociétés homogènes, minorités opprimées, caractérisées par les offenses que font à sa microculture ce qui reste de culture nationale, et se définissant donc en réaction à ce qu’elles considèrent comme une violence exogène qui leur serait infligée. Entre ici en scène le schéma primaire, dans le sens de premier, de constitution et de pérennisation de sociétés humaines archaïques, qui, si elles s’enkystent aboutiront à la destruction définitive de la culture et de la société nationale considérée (donc de l’unité de la Nation), ou à leur propre destruction par un groupe majoritaire ou par la réaction qui ne manquera pas de naître en retour des citoyens qui se reconnaissent dans la culture majoritaire, et se sentent eux-mêmes discriminés par les assauts menés contre eux par la multitude de minorités culturelles.
Il ne fait ainsi mystère pour aucun observateur susceptible de retenir les leçons des sciences humaines (avant qu’elles ne soient galvaudées12 —comme l’a par exemple rappelé récemment le chercheur Christopher Dummitt— par la réinterprétation récente des faits scientifiques en vue de servir une idéologie) et de l’histoire que la limite entre la prise en compte des opprimés dans une civilisation une fois franchie en donnant à ceux-ci et leurs revendications prééminence sur la majorité de la société qui justement tentait de mieux les considérer, c’est la survie tout entière de la cohésion nationale qui est ainsi mise en danger. Et loin de favoriser la paix et la compréhension entre les sous-groupes, en leur conférant le statut de groupe équivalent ou supérieur au groupe majoritaire sont ainsi réunies les conditions de l’irruption de la violence civile, et de la guerre.
1 https://www.nytimes.com/2016/12/08/theater/day-of-absence-review.html
2 Scène filmée sur youtube. https://www.youtube.com/watch?v=LTnDpoQLNaY
3 https://www.youtube.com/watch?v=Pf5fAiXYr08
4 https://www.youtube.com/watch?v=bO1agIlLlhg
5 Dans « Terre des Hommes ».
6 What happend in Evergreen interview du professeur Weinstein (podcast) https://www.defiance.news/podcast/what-happened-at-evergreen-college-bret-weinstein
7 https://www.youtube.com/watch?v=2vyBLCqyUes
8 https://www.youtube.com/watch?v=uRIKJCKWla4
9 https://www.defiance.news/podcast/what-happened-at-evergreen-college-bret-weinstein#description
11 Tout devient oppression parmi les motifs de fierté qui hiers encore permettaient l’unité, comme par exemple le fait de parler des chances offertes par le système américain qui amène forces griefs de la part de ceux qui échouent et évaluent ces chances offertes comme un impératif à réussir qui les discrimine dans leur être le plus profond.
12 Gender studies, confession d’un homme dangereux, témoignage original de Christoper Dummit. https://www.lepoint.fr/debats/theorie-du-genre-confessions-d-un-homme-dangereux-03-11-2019-2344979_2.php
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