René Descartes, philosophe et mathématicien du XVIIe siècle, a révolutionné la pensée occidentale en plaçant…
Des différences culturelles à la nature humaine: sociologie culturelle
Je lisais « les secrets de notre succès : comment la culture oriente l’évolution humaine »de Heinrich, dans lequel il rappelle les résultats d’un certain nombre d’études sociologiques portant autour des notions d’ethnie (définie en tant que groupe homogène de normes culturelles) et de race.
Mais écoutons-le:
« Il est intéressant de constater à quel point les normes sont intimement liées à la sociologie humaine en nous intéressant aux expériences avec Max la marionnette. Les enfants sujets rencontrent maintenant Max avec Henri. Max parle l’allemand avec des accents autochtones mais Henri parle l’allemand avec des accents français. Les jeunes enfants allemands ont beaucoup plus protesté lorsque Max – leur groupe ethnique conforté par un accent – jouait le jeu différemment du modèle par rapport à Henri. Les coethniques (c’est à dire ceux qui partagent les mêmes normes culturelles) sont favorisés parce qu’ils partagent probablement des normes similaires, mais cela signifie également qu’ils sont soumis à plus de surveillance et de sanction s’ils enfreignent ces mêmes normes. Cela semble être valable dans toutes les cultures, car des habitants de pays aussi divers que la Mongolie et la Nouvelle-Guinée paient volontiers un coût social pour punir préférentiellement leurs ethnies par rapport aux éthnies étrangères dans des expériences comme le Ultimatum Game, pour violation de la norme.
Cette approche de comment et pourquoi nous pensons aux tribus et à l’ethnicité a des implications plus larges. Premièrement, la concurrence entre les groupes qui existe toujours aura tendance à favoriser la diffusion de toutes les astuces permettant d’élargir ce que les membres d’un groupe perçoivent comme leur tribu: la collaboration et le rassemblement contre le non-soi tribal sont favorisés. Les religions et les nations ont culturellement évolué pour exploiter de plus en plus cette caractéristique de notre psychologie, en créant des quasi-tribus. Deuxièmement, cette approche signifie que le point de vue des sous-groupes par rapport aux groupes externes adopté par les psychologues passe à côté d’un point essentiel: tous les groupes ne sont pas également saillants ou ne sont pas considérés de la même manière. Les guerres civiles, par exemple, sont fortement liées à des différences marquées sur le plan ethnique ou religieux, et non à la classe sociale, au revenu ou à l’idéologie politique. [310] En effet, nos esprits sont prêts à sculpter le monde social en groupes ethniques, mais pas en classes ou en idéologies à moins que ceux-ci ne se traduisent objectivement en groupes éthniques c’est à dire en groupes culturels homogènes distincts.
Enfin, les mécanismes psychologiques qui sous-tendent notre conception de la «race» ont en réalité évolué pour analyser l’appartenance culturelle et non la race en tant que telle. Vous pourriez être dérouté par cette distinction puisque la race et l’ethnie sont si souvent mélangées dans les discours. L’appartenance à un groupe ethnique est attribuée en fonction de marqueurs transmis par la culture, tels que la langue ou le dialecte, l’habillement, la cuisine, la religion… En revanche, les groupes raciaux sont marqués et attribués en fonction de traits morphologiques perçus, tels que la couleur, ou le type de cheveux, qui sont génétiquement transmis. Nos capacités sociologiques et folkloriques ont évolué pour favoriser l’identification des groupes ethniques, ou tribus: la reconnaissance de l’appartenance à une tribu et par conséquent des attributs des tribus concurrentes revêtait une importance suffisamment capitale pour qu’elle devienne une compétence sélectionnée par l’évolution. Cependant, des indices raciaux tels que la couleur de la peau ou la forme des cheveux peuvent aussi constituer des marqueurs ethniques (culturels) dans le monde moderne, car les membres de différents groupes ethniques partagent parfois également des marqueurs tels que la couleur de la peau / la forme des cheveux, et les indices raciaux peuvent « truquer » automatiquement et inconsciemment notre psychologie en l’incitant à penser que différents groupes ethniques basés sur des catégories purement morphologiques existent. Et, ce sous-produit peut être exploité et réifié par l’évolution culturelle pour créer des catégories raciales étiquetées sur le plan linguistique et du racisme.
Quelqu’un d’une race différente mais qui s’habille en respectant les marqueurs culturels de l’ethnie d’accueil sera plus accepté que quelqu’un de la même race que l’ethnie d’accueil qui adopte les codes vestimentaires puristes d’une autre ethnie.
Secret of our success, Heinrich
Ce point est souligné par le fait que les indices raciaux n’ont pas la priorité cognitive par rapport aux éléments ethniques: lorsque des enfants ou des adultes se trouvent dans une situation dans laquelle l’accent ou la langue indiquent «la même ethnicité» mais la couleur de la peau indique «une race différente», les marqueurs culturels (éthniques) prennent l’ascendant sur les marqueurs raciaux. Autrement dit, les enfants choisissent comme ami une personne d’une race différente qui parle leur dialecte et a la même religion à une personne de la même race qui parle un dialecte différent et une religion différente. [311] Même des indices plus faibles comme la tenue vestimentaire peuvent parfois l’emporter sur les indices raciaux: quelqu’un d’une race différente mais qui s’habille en respectant les marqueurs culturels de l’ethnie d’accueil sera plus accepté que quelqu’un de la même race que l’ethnie d’accueil qui adopte les codes vestimentaires puristes d’une autre ethnie. La tendance des enfants et des adultes à apprendre de préférence et à interagir avec ceux qui partagent leurs marqueurs raciaux (pris à tort comme des marqueurs ethniques, donc culturels) contribue probablement au maintien des différences culturelles entre des populations de race différente, même dans le même quartier. »
Il est très intéressant de constater que la reconnaissance, et partant de la discrimination de critères culturels homogènes constituant sociologiquement une tribu ou une ethnie sont universellement partagés. La concurrence pour des ressources rares au cours de l’évolution peut expliquer la sélection évolutive de ce trait humain. Il est également intéressant de constater qu’une étude anthropologique montre que les critères « raciaux » comptent finalement beaucoup moins que les critères culturels. L’individu et le groupe défendent leur appartenance culturelle vis-à-vis de cultures concurrentes plus que d’autres critères.
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